Le projet de loi sur les chiens dangereux adopté au Sénat
LEMONDE.FR avec AP et AFP | 08.11.07 | 11h23
Mis à jour le 08.11.07 | 11h39
Le projet de loi sur les chiens dangereux, qui impose aux propriétaires d'obtenir une
''attestation d'aptitude'' à la détention de ces chiens et de soumettre l'animal à une
''évaluation comportementale'', a été adopté par le Sénat, dans la soirée de mercredi 7 novembre. Le projet de loi, présenté par la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, inclut également, à la demande du président Nicolas Sarkozy, l'instauration d'une peine maximale de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende pour l'homicide involontaire causé par un chien. Le projet de loi, qui intervient après plusieurs accidents mortels ces derniers mois, doit désormais être examiné par l'Assemblée nationale.
Elaboré par Michèle Alliot-Marie après la mort à Bobigny, le 24 octobre, d'un bébé de 19 mois mordu par un bâtard à la morphologie de Rottweiler, le texte impose aux détenteurs de tout chien "
mordeur" une
"évaluation comportementale de leur animal". "Avoir un chien, c'est un plaisir, partagé par nombre de nos compatriotes mais c'est aussi une responsabilité" , a souligné la ministre de l'intérieur en présentant son texte aux sénateurs. Selon le rapporteur, Jean-Patrick Courtois (UMP), le nombre de morsures de chien est proche de 10 000 par an, "
chiffre à ramener aux 8,5 millions de chiens qui vivent en France", et ces accidents "
ont lieu particulièrement dans la sphère familiale".
RENFORCEMENT DES POUVOIRS DU MAIRE
L'article 1er du projet de loi renforce les pouvoirs du maire, qui pourra procéder à l'euthanasie d'un animal de catégorie 1 (chien d'attaque) ou 2 (chien de garde ou de défense), si son propriétaire n'a pas suivi de formation adéquate. L'article 4 concerne les détenteurs de chiens "
mordeurs", même un simple "
toutou". Ils auront l'obligation de les déclarer au maire, qui les soumettra à une formation et à une "
évaluation comportementale". En cas de manquement, les sanctions vont du placement du chien à l'euthanasie.
Aux termes d'un amendement conjoint de la commission des lois, saisie au fond, et de la commission des affaires économiques, saisie pour avis, les sénateurs ont décidé que "
les agents de surveillance ou de gardiennage utilisant un chien dans l'exercice de leur activité devront suivre la formation destinée aux maîtres de chiens classés", cette formation étant prise en charge par l'employeur.
Un autre amendement prévoit que soient soumis à une "
évaluation comportementale" tous les chiens "
que leur taille rend potentiellement plus dangereux que d'autres (dogues, bergers, dobermans...)". L'article 12, qui permettait aux dispensaires des associations de protection des animaux d'acquérir et de délivrer directement des médicaments vétérinaires, sans passer par un pharmacien, a été supprimé, au bénéfice d'une nouvelle écriture lorsque le texte sera présenté aux députés. Ces dispensaires, qui font souvent "
payer les actes effectués" ou demandent aux clients de "participer à la prise en charge des frais de l'établissement", ont en effet "une
notion spéciale de la gratuité", a ironisé M. Courtois.
Hostiles à "
l'amendement Sarkozy", le PS s'est abstenu et le PCF a voté contre le projet de loi, qui va devoir maintenant être présenté à l'Assemblée nationale. Roger Madec (PS) a dénoncé un texte qui "
ouvre la porte à tous les arbitraires, puisque point ne sera besoin que l'animal ait occasionné quelques accidents mais qu'il suffira qu'un maire ait vaguement l'impression qu'un chien soit dangereux pour que son action soit justifiée".
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